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Les années 1930-1940 : la grève générale, les contrats de guerre, les femmes en renfort

Photo noir et blanc montrant une ouvrière qui regarde des rangées de bobines de fil.

Ouvrière surveillant les bobines de fils, vers 1945

Grève générale et tensions syndicales
La crise économique qui suit le krach boursier de 1929 engendre de profondes répercussions sur l’industrie textile canadienne et américaine. La croissance rapide de la Bruck Silk Mills s’accompagne d’inévitables conflits de travail.  Bien que le secteur de la soie soit relativement épargné, les travailleurs de la Bruck se voient imposer une réduction de 25 % sur leurs salaires déjà désavantagés par rapport à l’industrie du coton et à l’égard des femmes qui touchent moitié moins que les hommes. La grève générale éclate le 28 février 1931. Même si elle ne dure que 11 jours, elle enflamme les esprits. S’inspirant du syndicalisme américain, les grévistes élisent un comité de grève et dressent des lignes de piquetage aux portes de l’usine et à la gare.

Photo noir et blanc avec huit employés assis et debout dans un bureau de l’usine.

Groupe de travailleurs du département de l’impression, 1945

Des organisateurs communistes à Cowansville 
Le conflit trouve un écho auprès du Parti communiste du Canada qui y voit l’occasion de gagner des votes. Cinq délégués du parti viennent prêter mainforte aux grévistes pour établir les piquets de grève. On note parmi eux la présence influente de Fred Rose qui sera plus tard, en 1943, le premier et seul député communiste élu au parlement canadien. Après que les dirigeants de la Bruck décrètent un lockout, l’emprise des communistes atteint cependant ses limites. L’hostilité des syndicats catholiques et l’influence du curé qui condamne la grève finissent par convaincre les grévistes d’accepter la baisse salariale et de retourner travailler, obtenant seulement un boni de 10 % sur le travail de nuit. Une deuxième grève est déclenchée le 21 décembre 1946 et ne dure que 42 heures, grâce à l’intervention d’un comité d’arbitrage qui négocie une entente salariale entre la direction et les travailleurs.

Un groupe de 28 employés autour d’une table, femmes et hommes, posent lors d’une séance de promotion pour l’achat de bons de la victoire en 1945.

Les employés contribuent aux Obligations de la Victoire, 1945

Une employée devant un métier à tisser et un homme qui se tient derrière elle.

Pauline Maurice, département du tissage, 1946.

Les femmes au travail et l’effort de guerre
La conjoncture créée par la guerre favorise l’arrivée des femmes sur le marché du travail. L’introduction d’un quart de travail de soir pour les femmes permet la mise en place d’une double équipe féminine dans le département du fil. Cette main d’œuvre est généralement formée de jeunes célibataires et plusieurs quittent leur emploi après leur mariage ou après une grossesse. La Bruck fonctionne à plein régime et contribue à l’effort de guerre en produisant des tissus résistants dont des parachutes, d’abord fabriqués en soie puis en rayonne.

Page couverture du journal Entre-Nous avec titre : Le jour de la Victoire à Cowansville

Isaac Bruck participe aux célébrations du Jour de la Victoire, 1945