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Un programme de bien-être progressiste pour l’époque

En complément de son implication sociale, la Bruck Mills met en place une série de mesures visant à sécuriser et valoriser le travail de ses employés. Face à une syndicalisation progressive, l’entreprise familiale adopte une position visant à fidéliser ses employés.

Page couverture du magazine Entre-Nous montrant un médecin qui prend la pression d’une employée avec une infirmière à l’arrière-plan.

Accès aux premiers soins à l’usine, 1947

Bénéfices marginaux
À partir des années 1940, la compagnie donne aux travailleurs de l’usine un accès gratuit aux premiers soins. En cas de malaise ou d’accident, l’employé est traité sur place par le docteur Rouville Noiseux et les infirmières Corinne Leblanc Dimick, Juliette Dussault et Régina Lapointe. Le médecin suit ses patients de près et la compagnie met à sa disposition une motoneige Bombardier pour lui permettre de se déplacer en hiver.

Article de journal montrant deux personnes en manteau d’hiver devant une ancienne auto-neige.

Extrait du Journal Entre-Nous : une motoneige Bombardier au service du médecin de la Bruck, 1947

Le 19 mai 1949, la Bruck instaure également un plan d’assurance maladie qui permet aux travailleurs victimes de blessures ou d’accidents de recevoir une compensation financière. Tous ces avantages comptent énormément pour les employés en attendant que les gouvernements, fédéral et provincial, instaurent des programmes sociaux universels à partir des années 1960.

« Bruck avait une très bonne réputation dans l’industrie et il y avait la localisation. Cowansville m’intéressait et je savais que Bruck était un gros employeur et puis que les employés étaient bien traités. »

– Martial Chartier, ancien employé et diplômé de l’Institut des textiles de Saint-Hyacinthe

Photo dédicacée par Gerald Bruck montrant la remise d’une montre à l’employé Sylvanus Fuller devant des invités.

Gerald Bruck accueille un nouveau membre du Club du président, 1958

Reconnaissance du travail
La Bruck crée aussi des programmes de reconnaissance et de fidélisation de ses employés. Après cinq années de service continu, les travailleurs accèdent au Club du gérant et reçoivent une prime de 40 $; après 15 ans, ils intègrent le Club du vice-président qui s’accompagne d’une gratification de 65 $; après 20 ans, ils rejoignent le Club du président et reçoivent des remerciements formels, une prime de 100 $, ainsi qu’une montre-souvenir remise par Gerald Bruck. En 1950, ce club compte 66 membres, dont 55 sont encore actifs. Le Club de la cigogne, fondé en 1949, verse quant à lui une prime pour chaque nouveau-né d’un travailleur afin de lui ouvrir un compte d’épargne.

Photo noir et blanc d'une ouvrière penchée sur un gros rouleau de fils relié à une machine

Une opératrice vérifie la longueur d’une ensouple pour métier à tisser, 1948

Syndicalisation progressive et sécurité au travail
À la fin des années 1950, il n’y a toujours pas de syndicat dans l’usine malgré les tentatives répétées de certains organisateurs. Un contrôleur de la compagnie indique que certains employés, d’abord favorables à la syndicalisation, semblent maintenant s’y opposer, une position qui résulte selon lui de l’attitude paternelle de cette entreprise familiale à l’endroit de ses employés. Une enquête du ministère du Travail demandée par le Syndicat national catholique du textile révèle en outre les divisions que suscite la syndicalisation chez les ouvriers, alors que certains dénoncent les pressions indues faites auprès des employés pour les forcer à adhérer au syndicat. La sécurité au travail est un enjeu important qui est peu encadré par les normes de l’industrie à cette époque et les risques d’accidents sont présents.

Photo noir et blanc d'un ouvrier à son poste de travail devant un métier à tisser.

Eugène Mongeau, du département de tissage, procède à l’ajustement d’un métier à tisser, vers 1950