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Dis-cri-mi-na-tion

Ron Nicholson, membre de longue date de la BC Black History Awareness Society, raconte plusieurs cas de discrimination subie par ces pionniers. L’interview se déroule au parc Irving où se trouvait autrefois la maison de Mifflin Gibbs.

« Il Existe de Nombreux Exemples de Discrimination » (sous-titrage disponible en français et anglais). Regarder la vidéo avec la transcription français

Sur la plaque offerte par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada pour commémorer l’arrivée de ces colons noirs en 1858 est inscrit : « Malgré la discrimination dont ils furent l’objet ».

Cette discrimination est mise en lumière dans les extraits suivants de lettres publiées par des citoyens dans le Daily Colonist, un des principaux journaux locaux de l’époque. Ces articles couvrent une période de 40 ans.

21 octobre 1859, éditorial du Daily Colonist : Religious Feud (luttes religieuses). « Nous avons reçu une lettre adressée à tous les hommes impartiaux et amoureux du droit. Elle est rédigée par le révérend W.F. Clarke. Il semble exister une sérieuse divergence d’opinion entre lui et son collègue, le révérend M. MacFie, concernant la convenance de réunir ensemble des chrétiens blancs et de couleur aux services religieux de l’église. Les deux hommes ont été envoyés ici comme missionnaires par la English Congregational Missionary Society. M. Clark soutient que le christianisme ne fait pas de différence entre l’homme blanc et l’homme de couleur. Par conséquent, il ne se laissera pas aller aux préjugés de quiconque souhaite créer un ‘coin de nègres’ dans son église. C’est pour une question de ‘goût’ que M. MacFie préférait les séparer. »

À l’automne 1859, une « école sélective » est ouverte par les Sœurs de Sainte-Anne. Les enfants de parents afro-américains sont refusés en raison d’une « crainte d’intégration et d’inconfort de la part des élèves de l’école sélective ». Source : The Sisters of St Ann: The First Ten Years (Les Sœurs de Sainte-Anne : les dix premières années).

14 janvier 1860 : The Dark Problem (un problème obscur). « Quelles seraient les recettes quotidiennes des cent cinquante ouvriers, restaurateurs et commerçants de couleur de Victoria si le mécénat des Blancs leur était retiré. » La lettre est anonyme.

27 septembre 1861 : Lettre au rédacteur en chef d’Emil Sutro, l’artiste qui refusait d’entrer en scène parce que des gens de couleur étaient assis au premier rang. « Réservez une partie de la salle à leur usage particulier. Ils ne sont pas désirés et ils font même insulte à la majorité des résidents de Victoria. »

23 novembre 1865 : Victoria Theatre Management (gestion du théâtre Victoria). John Dunlop écrit une lettre au rédacteur en chef dans laquelle il déclare que même si on lui a permis d’acheter un billet, « je me suis présenté à la porte, j’ai présenté mon billet et on m’a refusé l’entrée au motif de ma couleur ».

7 janvier 1899 : Exclusion of Negroes (exclusion de nègres). « Monsieur, je m’octroie le privilège d’attirer, à travers vos colonnes, l’attention de certains barbiers qui refusent de raser des hommes qui ont du sang noir dans les veines. Dieu savait ce qu’il faisait en créant des hommes noirs et s’il avait voulu que tous les hommes soient blancs, il les aurait faits ainsi. » L’article est signé par Archibald Johnson.

En effet, la discrimination est très répandue, mais il y a aussi des cas où le système juridique et les particuliers défendent les Noirs et expriment leur mépris pour la discrimination dont la population noire était victime. Les vidéos et articles de journaux suivants démontrent le soutien porté à cette communauté noire.

Dans cette vidéo « On British Soil He Was Free » (Sur le sol britannique, il était libre), John Adams, auteur, historien et propriétaire exploitant d’une entreprise de randonnées pédestres historiques à Victoria, raconte l’histoire de Charles Mitchell, un esclave qui, en septembre 1860, fut passager clandestin à bord du SS Eliza Anderson naviguant d’Olympia, Washington, à Victoria. Lorsque le bateau à vapeur est arrivé à Victoria, la nouvelle s’est vite répandue qu’un esclave était détenu à bord. « Pas moins de 700 personnes se sont rassemblées au quai le 25 septembre 1860 pour réclamer sa libération » (Musée royal et les Archives de la Colombie-Britannique). La cause fut immédiatement portée devant la Cour suprême de la Colombie-Britannique qui déclara Charles Mitchell homme libre parce qu’il se trouvait en sol britannique.

En sol Britannique, un homme libre : Le Cas de l’Esclave Fugitif Charles Mitchell (sous-titrage disponible en français et anglais). Regarder la vidéo avec la transcription français

5 juillet 1862 : Un homme de couleur doit-il boire dans un bar pour hommes blancs? Le journal relate les étapes du procès de Jacob Francis contre M. Lovett, propriétaire de la Bank Exchange. Un mois plus tôt, Jacob Francis s’était rendu au saloon avec trois hommes blancs et seul Francis s’était vu refuser le service. Le magistrat a décidé que tout tenancier de bar refusant de servir des hommes noirs ne se verrait pas accorder de licence ou se verrait imposer une amende de cinq livres sterling et le non -renouvellement de sa licence.

10 mars 1864 : Exclusion At The Banquet (exclusion lors d’un banquet). « J’ai été surpris de constater que mes respectables voisins, MM. Lester et Gibbs, se sont vu refuser des billets pour le banquet à venir pour célébrer la retraite du gouverneur James Douglas, au motif qu’ils sont des hommes de couleur. Il convient de rappeler que ce qui est mauvais en principe finit par se révéler malveillant en pratique. Je ne peux pas m’approprier d’un billet sans respecter le principe qu’on doit aussi l’autoriser à autrui. » La lettre est signée par J.C. Davie. M.R.C.S. Eng. L.S.A. (membre du Royal College of Surgeons [collège royal des chirurgiens], licencié de la Society of Apothecaries [société des apothicaires]).

11 avril 1864 : Réunion sur l’éducation. « Environ 500 personnes sont présentes pour discuter d’une résolution en faveur d’école» L’article est bien détaillé et complet. Lorsqu’une personne suggéra la ségrégation des Noirs, elle subit les « sifflements et les rires » de l’auditoire et du président de la réunion, le maire Harris.

Devoir de juré : James Douglas affirme aux colons noirs qu’ils ont le droit de siéger comme jurés. Peter Lester fait partie d’un jury en 1860, mais ce n’est que douze ans plus tard, en mars 1872, qu’une résolution est présentée à la Chambre demandant que les Noirs soient inscrits sur la liste des jurés. Le 27 novembre 1872, une courte note est publiée dans le Colonist : « Les premières personnes de couleur à siéger dans la province depuis 1860 ont été choisies comme jurés hier. Voilà un autre coup porté aux préjugés ».

« Comme ces récits le démontrent, il incombe à chacun d’entre nous de collaborer pour faire tomber les barrières qui empêchent tous les citoyens de participer et de s’exprimer contre la discrimination sous toutes ses formes. En retraçant l’histoire impressionnante de ces pionniers, nous vous invitons à réfléchir à ce que vous pouvez faire pour lutter contre la discrimination, à poursuivre le travail accompli et à développer davantage les valeurs d’égalité et de respect »

Mavis DeGirolamo

Mavis a occupé le poste de vice-présidente et a rempli plusieurs mandats comme présidente de la BC Black History Awareness Society. Elle a aussi assumé plusieurs fonctions de direction au sein de la Société pendant plus de deux décennies.