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L’apogée de la voiture électrique (1910–1915)

Photo noir et blanc d'une voiture électrique en équilibre sur la rambarde d’un pont par temps de neige. La voiture est entourée de policiers et de badauds.

Bien qu’elles soient plus sûres et plus faciles à conduire que les voitures à essence, les voitures électriques ne sont pas à l’abri des accidents. Une voiture électrique Detroit accidentée sur le pont Glen Road de Toronto, en 1912.

Les années qui précèdent la Première Guerre mondiale semblent être l’âge d’or des véhicules électriques. Ils se positionnent sur le marché en tant que voiture de ville et camion utilitaire de choix et se vendent bien. Au cours de cette période, de nombreuses entreprises canadiennes et américaines lancent leurs propres entreprises de voitures électriques ou alors tentent d’étendre leurs activités au Canada. Mais cette prospérité est de courte durée.

Tate : Un demi-succès

Fondée en 1910, la Tate Accumulator Company de Windsor, en Ontario, produit des accumulateurs bifonctionnels très populaires pour les voitures, les bateaux et l’industrie. Avec une clientèle répartie dans tout l’Ontario et le Québec, Tate est un exemple de réussite au début de l’ère de l’industrie électrique canadienne.

Image publicitaire montrant un camion de livraison électrique de forme rectangulaire. Légende : TATE ELECTRICS LIMITED / L'automobile électrique d'aujourd'hui est le choix définitif des acheteurs expérimentés et sélectifs. La voiture électrique Tate est la référence ultime dans le secteur de l’automobile électrique.

Une publicité pour les camions Tate de 1913, présentant les nombreuses options des véhicules de la société.

Cherchant à diversifier ses activités, la société commence à développer des voitures électriques en 1911 et achète une usine à Walkerville, en Ontario. En 1912, la Tate Electric Limited est établie et présente cette année-là ses véhicules aux salons de l’automobile de Montréal et de Toronto. Peu de temps après, les ventes commencent à augmenter sérieusement, en Ontario comme au Québec.

Image publicitaire montrant trois jeunes femmes bien habillées autour d'une voiture électrique dans la campagne, tandis que, à l’arrière-plan, une voiture de sport électrique avec deux jeunes hommes s’approche. Titre : La TATE / Silencieuse – Rapide – Luxueuse – Électrique.

Alors que l’industrie de la voiture électrique ralentit au cours des premières années de la Première Guerre mondiale, Tate commence à commercialiser des voitures plus sportives et plus rapides, comme le montre cette publicité de 1914.

 

Tate se distingue rapidement par sa gamme de produits. En 1913, la société propose des coupés et des roadsters électriques à des prix raisonnablement compétitifs, ainsi que quatre modèles de camions électriques avec des options de moteur et de roues personnalisables.

Malgré son réseau de distributeurs bien établi, la respectabilité de sa marque et son solide appui financier, Tate fait faillite au début de 1915.

Peck : Un luxe impayable

Publicité dans un journal montrant une voiture électrique à quatre portes. Titre : La voiture qui sait grimper les collines / Voiture électrique Peck / Modèle C-4 de 1913.

À tous les égards, les commandes et la fiabilité de la Peck sont à la hauteur des attentes, mais on ne sait toujours pas combien de « femmes nerveuses » ont réellement acheté cette voiture.

Un peu avant 1911, Frederick G. Peck, un inventeur torontois avec un revenu découlant de brevets dans le secteur de l’électricité, dirige son attention sur la conception d’une voiture électrique. Avec le soutien financier de plusieurs investisseurs locaux, il fonde la Peck Electric Limited, un garage et une usine de la rue Jarvis à Toronto, et présente sa première voiture électrique, la Peck, au salon de l’automobile de Toronto de 1912.

Peck, qui connait bien le marché cible des voitures électriques, conçoit un véhicule de luxe de A à Z. La Peck est construite pour une accélération et une conduite tout en douceur. Une de ses nombreuses caractéristiques de confort est un volant réglable, probablement le premier jamais installé sur un véhicule commercial. La campagne publicitaire et le prix de vente de 4 000 dollars visent résolument les citadins aisés de Toronto.

Mais la Peck ne perce pas le marché. La société propose brièvement un roadster électrique en 1913, mais la même année, elle doit mettre la clé sous la porte.

Rauch & Lang : Un détour d’un an

Basée à Cleveland, dans l’Ohio, la société Rauch & Lang, ou R&L, est le fabricant des voitures électriques les plus luxueuses des États-Unis, très prisées par la haute société des côtes Est et Ouest du pays. Il est tout naturel que l’entreprise étende ses ventes au nord de la frontière en s’associant au constructeur automobile le plus luxueux et le plus prestigieux du Canada, la McLaughlin Motorcar Company d’Oshawa, qui deviendra plus tard General Motors du Canada.

Les V6 Special de McLaughlin étaient des voitures destinées aux classes supérieures et leur haut niveau de finition et de savoir-faire cadrait bien avec la marque R&L. En 1911, McLaughlin intensifie la commercialisation des coupés électriques R&L au prix de départ de 3 400 dollars chez ses concessionnaires de l’Ontario. On ne sait pas exactement combien de véhicules ont été vendus, mais l’affaire est rapidement abandonnée en 1912. Rauch & Lang continue à fabriquer des voitures et ferme ses portes en 1923.

Publicité pour une voiture électrique de forme rectangulaire. Titre : Voitures électriques McLaughlin sur châssis Rauch & Lang.

Pendant une bonne partie de 1911, les publicités pour les « nouvelles » voitures électriques de McLaughlin s’affichent dans pratiquement tous les grands journaux de l’Ontario.

 

À la même époque, plusieurs autres tentatives de construction de voitures électriques canadiennes sont engagées, mais ces efforts sont éphémères et les voitures disparaissent du marché en 1915. Toutes sont victimes des évolutions technologiques, sociales et culturelles, sans aucun rapport avec l’automobile, liées pour la plupart au déclenchement de la Première Guerre mondiale.