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Un emploi d’été inoubliable

Alors que Stuart Harvey travaillait dans les coulisses, d’autres cheminots travaillaient chaque jour auprès des passagers. Peter Taylor était porteur de bagages aux voitures-lits à l’été 1967. Ce n’était pas un travail facile, mais c’était l’occasion pour lui de voyager dans le monde entier. Il a donc postulé à ce poste parce qu’il était à la recherche d’une nouvelle expérience. Désireux de visiter l’Arctique canadien, il se rend à Halifax pour travailler sur un navire en direction du nord. Cependant, ces navires ne prenaient pas de travailleurs inexpérimentés comme lui, alors il a décidé de rentrer chez lui. Sur le chemin du retour, il a parlé à des personnes qui travaillaient à bord du train, et elles lui ont dit que c’était une bonne expérience.

Pour ceux qui cherchent un emploi aujourd’hui, l’expérience de candidature de Peter peut sembler un peu extraordinaire :

Photographie d’archive en couleur d’Expo 67. La photographie est prise d’en haut et montre quatre bâtiments courts aux formes inhabituelles. De nombreuses personnes marchent sur les routes entre les bâtiments.

Les pavillons du Canada, de l’Ontario et des provinces de l’Ouest à l’Expo 67 à Montréal, Québec.

C’était l’année de l’Expo, et l’année de l’Expo était folle. [Il] y avait des gens du monde entier qui venaient découvrir le Canada et se rendre à l’Expo 67. Je suis donc arrivé à Toronto, je suis descendu du train et je me suis dit : « Pourquoi pas? » Je me suis donc rendu au bureau du CN et j’ai dit : « Hé, j’aimerais travailler à bord d’un des trains », et j’ai obtenu un poste de porteur, et c’était aussi simple que cela. Ce n’était pas quelque chose que j’avais prévu de faire, mais c’était à la descente du train, le bureau du CN est juste là, j’étais partant. Et c’est ainsi que j’ai fini par travailler pour le CN.

– Peter Taylor, porteur de voitures-lits, 2020

Une bonne expérience (sous-titres disponibles en français et en
anglais). Profitez de ce clip vidéo avec une transcription en français.

Photographie d’archive en noir et blanc de quatre hommes noirs debout en rang. Les deux hommes du centre se serrent la main et les quatre hommes sourient.

Porteurs de chemin de fer (de gauche à droite) Shirley Jackson, Pete Stevens, Harry Gairey et Jimmy Downes.

Peter a travaillé comme porteur cet été-là. Cette expérience lui a également permis de se familiariser avec les questions liées au racisme. Pendant des décennies, la plupart des porteurs étaient des Canadiens noirs ou des Canadiens afro-caribéens. Ces porteurs ont fait l’expérience du racisme et de la discrimination, notamment en se faisant appeler par un autre nom. Ils étaient souvent appelés « George » ou « le garçon à George », quel que soit leur nom. Cela s’explique par le fait que George Pullman était propriétaire de la Pullman Car Company, une entreprise qui exploitait de nombreuses voitures-lits.

Cet emploi a été une expérience d’apprentissage pour Peter en tant qu’homme blanc :

Quand je suis arrivé à Toronto et que j’ai obtenu ce travail, j’étais soudainement le seul Blanc, et c’était intéressant parce que cela m’a fait un peu réfléchir et j’ai commencé à essayer de voir les choses d’un point de vue différent de celui que j’avais auparavant. Je me souviens qu’au début, je me suis dit : « Hmm, c’est intéressant », car je regarde autour de moi et je ne vois personne d’autre qui me ressemble. Et je suis devenu assez à l’aise avec ça, voire totalement à l’aise, je devrais dire. Il y a eu quelques fois où j’ai appris quelque chose d’assez profond, quand j’ai dit quelque chose qui me semblait assez innocent, mais qui a été interprété comme un commentaire potentiellement raciste, et quelques gars m’ont interpellé et j’ai pensé, « Tant mieux pour eux. » Mais, sur le moment, j’étais très embarrassé parce que je ne sous-entendais rien, mais je me suis dit : « Je dois apprendre à être plus conscient de mon langage, et même si cela peut être acceptable dans un autre contexte, dans celui-ci, c’était clairement inacceptable.

– Peter Taylor, porteur de voitures-lits, 2020

À la fin de l’été, Peter est retourné à l’école. Il n’a pas retravaillé sur les chemins de fer, mais les souvenirs sont restés. Même lors d’un voyage en train de nuit au Kenya, des décennies plus tard, il se souvient de l’époque où il travaillait sur les chemins de fer.