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Rallier l’opinion publique

 Interview de presse devant l'Orpheum Theatre le 10 août 1990 lors de Gayla!

Robin Tyler, humoriste et maîtresse des cérémonies de Celebration ’90, et Svend Robinson, député fédéral ouvertement gai, répondent aux questions des médias le 10 août 1990, devant le théâtre Orpheum.

Alors que les Jeux gais obtiennent une plus grande couverture médiatique, des voix opposées à l’événement se font entendre. Plusieurs évangélistes, commentateurs de droite et politiciens, y compris le premier ministre de la Colombie-Britannique Bill Vander Zalm, s’expriment contre les Jeux. Au bout du compte, la couverture médiatique grandissante des Jeux a toutefois joué en leur faveur.

En 1988, le Dr Strangway, président de l’Université de la Colombie-Britannique, refuse à la MVAAA sa requête pour louer des espaces sur le campus universitaire. Il prétend que les Jeux gais représentent « un enjeu extrêmement sensible pouvant créer des divisions » [1]. Le conseil d’administration de la MVAAA et un groupe d’anciens étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique s’élèvent contre la décision, ce qui génère l’intérêt des médias. Finalement, le Conseil des gouverneurs de l’université revient sur la décision de Stangway.

La même année, le député fédéral Svend Robinson fait sa sortie du placard au milieu de sa campagne électorale. Ses apparitions publiques tournent au vinaigre. Une infolettre titrée « Sodomite Invasion Planned for 1990 » [traduction : « Une invasion sodomite est planifiée pour 1990 »] [2] est distribuée aux résidents de sa circonscription. L’article, qui s’oppose à la tenue des Jeux gais, est accompagné d’une photo de Robinson, qui est reconnu pour sa position en faveur des Jeux. Les Jeux gais font encore une fois les manchettes.

Robinson gagne ses élections et devient le « premier homosexuel déclaré » à être élu à la Chambre des communes. Il partage sa victoire « avec les femmes lesbiennes et hommes gais de partout au pays qui œuvrent avec courage et dignité dans le but de démanteler les barrières de la peur et de la méconnaissance et de faire valoir la fierté et le respect pour qui nous sommes » [3].

 Le pasteur Robert Birch prêchant un sermon à la Burnaby Christian Fellowship Church.

Le pasteur Robert Birch fait un sermon dans lequel il interdit la venue des Jeux gais à Vancouver. Église de la Fraternité chrétienne, Burnaby, le 27 juillet 1990.

La publication anonyme d’une annonce pleine-page dans des journaux locaux en novembre 1989 constitue un tournant en ce qui concerne l’opinion publique face aux Jeux. Titrée « Time Is Running Out – Concerning Gay Games Vancouver » [traduction : « Il ne reste plus beaucoup de temps – au sujet des Jeux gais de Vancouver », l’annonce condamne l’homosexualité et encourage les chrétiens à mettre fin aux Jeux par la prière. Il est écrit que l’annonce a été commanditée par « des leaders chrétiens qui vivent dans la grande région de Vancouver et qui aiment la ville et ses habitants » [4].

Plusieurs leaders religieux dénoncent immédiatement l’annonce et la lâcheté dont elle témoigne [5]. Peu de temps après, le pasteur Robert Birch de Burnaby admet être responsable de l’annonce et avoir payé 15 000 $ pour sa publication.

La réponse du public est instantanée. Des lettres condamnant l’annonce sont publiées dans les deux journaux où elle est apparue. Ces journaux sont vivement critiqués pour avoir publié l’annonce et un nombre sans précédent de lecteurs annulent leurs abonnements à la suite de cet incident.

Le téléphone sonne sans arrêt dans les bureaux de l’équipe organisatrice de Celebration ’90. Au bout du fil, on accuse l’annonce de représenter une attaque envers la dignité humaine et l’on s’indigne du fait que certains essaient d’empêcher une communauté, peu importe laquelle, d’organiser ses propres événements. Le nombre de bénévoles augmente rapidement grâce au soutien offert par des membres de la communauté LGBTQ2+, mais aussi par des alliés hétéros.

Il semble que les Jeux aient réussi à rallier l’opinion publique pour de bon.

Visionnez cette vidéo accompagnée d’une transcription traduite en français : Shawn Kelly : Le symbole de notre fierté 

Malgré que des évangélistes se sont vivement opposés aux Jeux avant qu’ils ne commencent, on ne dénombre que quelques manifestations mineures pendant les Jeux. Une femme couverte d’écriteaux où sont inscrits des extraits de la Bible est omniprésente pendant les Jeux, mais ne pose pas problème. Un groupe, probablement associé au pasteur Birch, visite aussi le stade Swangard tous les jours afin de prier pour que les Jeux se terminent. Le groupe quitte les lieux une fois ses prières terminées.

Une femme portant plusieurs panneaux d'affichage avec des passages bibliques écrits à la main et des discours homophobes sur eux se déplace à travers une foule d'inscrits aux Jeux gais.

Ce manifestant religieux est apparu lors de plusieurs événements dans le West End et au centre-ville.

[1] « UBC offering rooms for city’s Gay Games », The Vancouver Sun (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), jeudi 8 décembre 1988, page 6.
[2] « Backers cheer Robinson », The Vancouver Sun (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), mardi 22 novembre 1988, page 9.
[3] « Sodomite Invasion Planned for 1990 », Life Gazette, Northstar Free Press, (Surrey, Colombie-Britannique, Canada) octobre 1988, page 1.
[4] « Time is Running Out », The Vancouver Sun, (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), samedi 4 novembre 1989, page A9.
[5] « Anonymous « cowards » chided: Gay Games ad denounced by churches », The Vancouver Sun, (Vancouver, Colombie-Britannique, Canada), mardi 7 novembre 1989, Other Editions, page 7.