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L’incendie du parlement de Montréal en 1849

Élu député du comté de Drummond pour la première fois en 1841, Robert Nugent Watts siège comme tory au parlement du Canada-Uni, situé à Kingston dans le Canada-Ouest (anciennement le Haut-Canada). Réélu en 1844, Watts discourt, à compter de cette même année, à Montréal dans le Canada-Est (anciennement le Bas-Canada), où le parlement prend dorénavant place. Remportant à nouveau le scrutin populaire en 1848, le représentant du comté de Drummond et les tories se retrouvent toutefois relégués à l’opposition, tandis que les réformistes, menés en grande partie par des Canadiens français, dont Louis-Hippolyte LaFontaine, forment maintenant la majorité parlementaire.

Le nouveau gouvernement souhaite alors réparer les torts causés aux Canadiens français depuis la proclamation de l’Acte d’Union en 1841. S’ensuit ainsi l’adoption de diverses mesures telles que la responsabilité ministérielle, la reconnaissance des droits linguistiques des francophones et l’amnistie de ceux ayant participé aux insurrections de 1837-1838. Ces résolutions, ajoutées aux difficultés économiques que vit la classe marchande anglophone depuis quelques années, provoquent l’irritation croissante des Canadiens anglais. C’est toutefois l’adoption de la loi sur les indemnités venant en aide aux individus dont les biens ont été endommagés ou détruits lors des rébellions qui met le feu aux poudres dans la capitale de Montréal, où la population est à la fois anglophone et francophone.

Encouragés par la presse tory, de nombreux agitateurs s’opposant à la sanction de cette loi par le gouverneur Elgin envahissent la place du parlement le 25 avril 1849. Robert Nugent Watts étant sur place, il nous livre, grâce à sa correspondance avec son épouse Charlotte, un témoignage de première main des événements. Quittant le bâtiment en fin de journée pour fuir la foule en colère, Elgin et son personnel reçoivent quantité d’œufs et de pommes, le marché situé près du parlement permettant l’approvisionnement des partisans. Vers la fin de la soirée, alors que Watts est toujours à la Chambre des communes, les protestataires passent à l’action. En quelques minutes, les fenêtres volent en éclats sous le coup des pierres projetées par les manifestants, tandis que les députés verrouillent les portes et se réfugient dans un passage adjacent. Leurs efforts sont vains puisque les contestataires pénètrent rapidement dans le bâtiment. Une partie de celui-ci étant soudainement la proie des flammes, Watts se voit obligé de chercher un nouvel abri pour se réfugier. Empruntant un escalier, le député de Drummond trouve finalement une porte laissée ouverte par les émeutiers et s’enfuit dans la rue avec certains de ses collègues. Ayant oublié des papiers importants et constatant que l’incendie ne menace pas son bureau, Watts retourne à l’intérieur, mais progresse difficilement, le brasier gagnant du terrain à vive allure. Après avoir finalement trouvé son bureau et ses documents, il réussit à s’échapper avant d’être pris au piège. L’édifice maintenant en ruines, les députés décident, quelques mois plus tard, de transférer le siège du gouvernement à Toronto, où il demeure jusqu’en 1852, avant d’être à nouveau déménagé, cette fois à Québec.

[Extrait] Écoutez l’enregistrement audio d’une lettre de Robert Nugent Watts datant du 26 avril 1849, avec la transcription. 

Dessin en noir et blanc mettant en scène le chaos qui règne dans la rue devant le parlement de Montréal en flammes. On y voit une foule en plein combat, y compris des policiers ainsi que des gens qui volent les peintures et les meubles sortis de l’immeuble en feu.

Dessin représentant l’incendie du parlement de Montréal en 1849, par Duncan Macpherson, XXe siècle.

Gravure sur bois montrant le parlement de Montréal en flammes et une foule dans la rue qui lance des roches dans les fenêtres.

Gravure sur bois représentant l’incendie du parlement de Montréal en 1849, par John Henry Walker, 1849.

Peinture sur bois représentant le parlement de Montréal en flammes avec une foule, tout autour de la bâtisse, qui assiste à la scène.

Huile sur bois représentant l’incendie du parlement de Montréal en 1849, artiste inconnu.

Gravure sur bois montrant le parlement de Montréal sans toit et abîmé à la suite d’un incendie. Quelques personnes dans la rue regardent les dommages.

Gravure sur bois représentant l’incendie du parlement de Montréal en 1849, par John Henry Walker, entre 1850 et 1885.