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Le Comfort Hall, demeure de Heriot

Dès son arrivée dans la région en juin 1815, Heriot prend demeure dans l’Auberge Lord, construite en 1793 sur la rive nord de la rivière Saint-François, à la hauteur des chutes agitées qui prendront éventuellement le nom de Lord. De là, il supervise l’édification des trois baraques, mais également de sa propre demeure sur les 600 acres qui lui ont été accordés à l’embouchure de la rivière Prevost (aujourd’hui Saint-Germain). Ces lots ont appartenu à William Grant à partir de 1800, puis à son héritier John Richardson à compter de 1805, mais Simon Stevens, originaire du Vermont, les défriche en grande partie – probablement illégalement – après s’y être installé en 1801, lui qui y demeure jusqu’en 1805.

Dessin en noir et blanc d’un homme portant un uniforme militaire britannique orné de deux médailles.

Dessin de Frederick George Heriot, par Fernand Roger, 1985.

C’est entouré d’un décor bucolique, mais surtout défriché, qu’Heriot fait construire sa résidence de type colonial, qu’il nomme Comfort Hall, en 1815. L’habitation de bois, située sur un léger aplomb, lui offre une vue panoramique sur la rivière Saint-François et ses eaux tumultueuses, mais également sur le village en plein développement. À son domaine viennent rapidement s’ajouter, en 1816, un moulin à scie et un moulin à farine, qui profitent du débit d’eau de la rivière Prevost.

Carte mettant en évidence les divers comtés longeant le fleuve Saint-Laurent par des encadrés colorés, avec quelques dessins de paysages côtiers.

Carte topographique des districts de Québec, Trois-Rivières, Saint-François et Gaspé, par Joseph Bouchette, 1831.

Sans épouse et sans enfants, Heriot est tout de même reconnu pour son hospitalité et ouvre les portes de sa demeure à de nombreuses personnalités, sans distinction de leurs croyances. Au fil des années, il accueille notamment les premiers missionnaires venus prendre soin de leurs ouailles, dont l’archevêque catholique Mgr Plessis lors de sa visite des cantons en 1824 ainsi que le gouverneur général du Haut-Canada et du Bas-Canada, James Kempt, en 1829. Il invite également son cousin Robert Nugent Watts, député du comté de Drummond-Arthabaska à partir de mars 1841, à venir résider chez lui au début des années 1840.

Portrait peint en couleurs d’un homme vêtu d’un simple vêtement noir orné d’une grande broche représentant un cheval dans un rond rouge à l’intérieur d’une étoile argentée.

Peinture de sir James Kempt, par Jean-Baptiste Roy-Audy, entre 1818 et 1848.

Malade depuis quelque temps déjà, Heriot vend son domaine à Robert Nugent Watts en décembre 1842. Puis, alors qu’il possède près de 12 000 acres de terre en 1838, Heriot dicte son testament aux notaires Cressé et Lecomte de Nicolet le 5 mai 1843, désignant Watts comme son principal héritier. Ce dernier reçoit certains lots dans le canton de Grantham, des îles de la rivière Saint-François, des biens mobiliers et des animaux. Il cède également différentes terres, actions et biens à plusieurs de ses proches, dont George Leonard Marler, son adjudant durant les rébellions de 1837-1838, son cousin Robert Heriot ainsi que celui qu’il considère comme son fils adoptif, John Beck Lindsay.

Dessin noir sur fond blanc illustrant la silhouette de profil d’un homme.

Dessin illustrant Robert Nugent Watts, date inconnue.

Âgé de 57 ans, Frederick George Heriot succombe à la fièvre typhoïde le 30 décembre 1843 à sa résidence. Bien qu’Heriot ait détenu de nombreuses terres, l’inventaire après décès, produit par Robert James Millar le 11 avril 1844, ne suggère pas l’accumulation de richesses outre mesure. Selon l’évaluation de ses biens, Heriot possédait 38 moutons, 13 vaches, 2 bœufs, 2 chevaux, 1 paire de lunettes et des médailles militaires. Il était également le créancier de dettes impayées pour environ 529 £, mais s’était lui-même endetté auprès de cinq personnes, dont Watts et Marler.

Photographie en noir et blanc d’un homme assis sur un fauteuil avec un journal à la main.

George Leonard Marler, Montréal, vers 1870. Photographie de William Notman.