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La fondation de la colonie de la rivière Saint-François

Dès 1792, la Couronne britannique autorise la colonisation de la vaste région des Cantons-de-l’Est en franc et commun soccage. Ces terres, divisées en cantons, sont dès lors concédées à perpétuité, transmises par héritage et non soumises aux rentes comme le sont les lots assujettis au régime seigneurial. Le Colonial Office, alors responsable de l’attribution du territoire, favorise cependant des hommes près du pouvoir et plus de trois millions d’acres sont ainsi octroyés à seulement quelques centaines d’individus n’en ayant que peu à faire de les mettre en valeur, les laissant bien souvent à l’abandon. Ces spéculateurs guettent l’augmentation de la demande en terres et, par conséquent, la montée des prix afin de faire fructifier ce qu’ils ont obtenu gratuitement ou pour si peu. C’est le cas notamment de William Grant, ancien receveur général et membre du Conseil législatif, qui se voit attribuer 27 000 acres dans le canton de Grantham le 14 mai 1800, lesquels seront ensuite transmis à John Richardson après son décès en 1805, puis de William Lindsay, assistant-greffier de l’Assemblée législative, qui reçoit près de 24 000 acres dans le canton de Wickham le 31 août 1802.

Dessin en noir et blanc de plusieurs hommes vêtus de l’uniforme militaire se préparant à une bataille camouflée dans les bois.

La bataille. Dessin d’Eugène Leliepvre illustrant les Voltigeurs canadiens, vers 1812-1813.

Une fois la guerre de 1812 terminée, les autorités invitent, en 1815, les soldats et les officiers récemment licenciés à s’installer au sein d’une nouvelle colonie située dans les nouveaux cantons de la vallée de la rivière Saint-François. L’objectif est non seulement de mettre en valeur des terres inhabitées, mais également d’assurer une présence militaire dans une région située près de la frontière américaine et donnant accès à la vallée du fleuve Saint-Laurent. Pour diriger la colonie de la rivière Saint-François, sir Gordon Drummond, gouverneur intérimaire du Haut-Canada et du Bas-Canada, désigne Frederick George Heriot comme surintendant. Celui-ci est accompagné du lieutenant-colonel Pierre de Boucherville, surintendant en second, du lieutenant Joseph Stean, secrétaire et garde-magasin, du capitaine Jacques Adhemar ainsi que des lieutenants Smith, Hebden et Prendergast. Adhemar se poste d’ailleurs à William-Henry (aujourd’hui Sorel), où il recrute les colons qui prendront le chemin de la nouvelle colonie, les aidant du même coup à planifier leur périple.

Plan des cantons de Wickham et de Grantham démontrant la répartition des terres le long de la rivière Saint-François.

Plan des cantons de Wickham et de Grantham, par Joseph Bouchette, 1817.

Après un premier voyage de repérage, Heriot fait remarquer que les concessions choisies, notamment celles des cantons de Grantham et de Wickham, appartiennent déjà à des spéculateurs n’y habitant pas. Menacés d’expropriation, plusieurs de ces propriétaires, dont John Richardson et William Lindsay, acceptent d’échanger les lots ciblés pour développer la colonie contre d’autres situés plus au sud. Heriot, accompagné de vétérans de l’armée britannique, met finalement pied à terre le 29 juin 1815 aux îles de l’actuel parc Woodyatt dans le but de fonder la colonie. La petite bourgade en devenir prend rapidement le nom de Drummondville, en l’honneur de sir Gordon Drummond.

Portrait peint en couleurs d’un homme portant un uniforme militaire britannique rouge, au collet noir orné de broderies dorées.

Huile sur toile de sir Gordon Drummond, par George Theodore Berthon, 1883.