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Un dangereux précédent

 

Photographie en noir et blanc d’une église recouverte de papier goudronné et surplombée d’un clocher dont la croix se confond avec les nuages. À l’arrière, un presbytère de planches de trois étages.

L’église Immaculée-Conception de Rouyn-Sud, entre 1930 et 1960 (BAnQ, Rosemont-La-Petite-Patrie, Cartes postales, 4743968).

 

Article de journal titré « Malartic » et sous-titré « Centralisation » qui contenant une douzaine de lignes.

Article traitant de la volonté du gouvernement de faire cesser la squattérisation en Abitibi (La Frontière, 18 août 1938, p. 4).

Roc-d’Or n’est pas le seul village de squatters en Abitibi. Un peu partout dans la nouvelle région minière, des gens se sont installés sur des terrains dont ils ne sont pas propriétaires. Dans la seconde moitié des années 1930, le gouvernement du Québec mène une véritable offensive afin d’enrayer le phénomène de la squattérisation.

Dans le rapport de l’enquête sur Roc-d’Or on apprend que pour le gouvernement, « il serait regrettable que ce qui est arrivé  dans le cas de Rouyn-Sud se répète pour Roc-d’Or ». Ce village, établi depuis 1932 en périphérie de Rouyn, est composé de plus de 200 familles de squatters. Bien que l’État québécois ait envisagé son incorporation en municipalité distincte, les décideurs optent plutôt pour une annexion à Rouyn au printemps 1940, car Rouyn-Sud « était voué inévitablement à la faillite vu son évaluation minime » selon eux. Étant donné que les coûts de l’opération sont très élevés, le sous-ministre aux Affaires municipales, Émile Morin, affirme par la suite que l’annexion fut une erreur et il « trouve regrettable que la situation de l’une doive se répéter » pour Roc-d’Or.

Photographie en noir et blanc d’une route de gravier bordée de bâtiments de construction récente. Plusieurs ont des façades de style Boomtown. Un camion de l’entreprise St-Onge est stationné à droite.

La rue principale de Cadillac en 1939 (BAnQ Rouyn-Noranda, fonds Ministère des Ressources naturelles).

Manifestement, le gouvernement craint que l’incorporation ou l’annexion de Roc-d’Or ne crée un précédent et pousse les autres agglomérations de squatters à exiger un traitement similaire. Selon le rapport de l’enquête sur Roc-d’Or, « les yeux de bien d’autres agglomérations de squatters telles que Perron, Petit Buckingham, Rivière Thompson, Lac Révillart, Petit Québec (Lapa-Cadillac), Petit Canada, sans parler des agglomérations plus petites et des squatters individuels, sont tournés vers Roc-d’Or ».

Photographie en noir et blanc d’une étroite route de gravier bordée de bâtiments rudimen-taires. Plusieurs voitures sont stationnées et une dizaine de personnes circulent sur la voie publique. De longs trottoirs de bois permettent d’accéder à certaines résidences.

Le village de squatters de Perron en 1938 (Société d’histoire de Val-d’Or, fonds Raymond Duchesneau).