Passer au contenu principal

La Maison du Meunier : splendeur et misère du moulin « près de la terre »

En ce 8 janvier 1952, la manufacture de la rue du Pont a de quoi intimider Marie-Rose avec sa haute cheminée qui crache la fumée vers le ciel. La jeune femme entre dans l’atelier. Le bruit des machines empêche l’opérateur de comprendre qu’elle répond à l’annonce parue dans le journal pour un poste de secrétaire bilingue à la Milmont. Le talon de l’une de ses chaussures s’est cassé en chemin.

Guido, l’opérateur, le remplace par un neuf, choisi parmi la centaine de modèles de talons en carton-fibre de l’usine. Il raccompagne Marie-Rose au bureau de la compagnie à l’avant des installations. Entre Marie-Rose et Guido, c’est le coup de foudre. Le vieux bâtiment de pierre et de bois, qu’on appelle aujourd’hui la Maison du Meunier, en a bien vu bien d’autres!

L’édifice à bureaux cache la scène manufacturière austère qui s’étale à l’arrière. Au gré des besoins, le moulin à farine d’origine s’est transformé en moulin à clous, en bureaux et en habitation.

Cette illustration représente les divers bâtiments qui se sont succédé sur la digue et leurs usages. Encerclé dans un ovale rouge, le seul bâtiment qui existe encore aujourd’hui : la maison du Meunier, du côté de la rive de Montréal.

Le Site des Moulins lors de sa dernière phase d’activité industrielle. La Maison du Meunier (B, encerclé de rouge) est le seul bâtiment préservé aujourd’hui.

Derrière une clôture en planches de bois peintes en blanc, le bâtiment qui abrite les bureaux de la Back Power Company en 1942. La maçonnerie est visible au rez-de-chaussée, mais un revêtement mural différent est présent à l’étage. Une galerie avec une toiture inclinée a été ajoutée.

Les bureaux de la Back Power Company occupent une section de l’ancien moulin à farine seigneurial bâti sur le sol de l’île de Montréal. Ce bâtiment, toujours existant, est aujourd’hui désigné Maison du Meunier.

 

Le meunier Didier Joubert est le premier à y installer sa résidence. Il avait aménagé une « chambre des habitants » qui permettait aux cultivateurs d’attendre que leur farine soit prête. Ceux venus de loin pouvaient parfois y passer la nuit avant de repartir. Le moulin à farine s’étendait au-dessus de la terrasse du bistro actuel. À l’époque du moulin à clous, des ouvriers logeaient dans une section réservée de la maison.

La moitié nord adjacente a été démolie à la fin du 19e siècle. L’immeuble se retrouve isolé des opérations manufacturières. Les compagnies y installent leurs bureaux. Un logement à l’étage apparaît vers 1950. M. Fred Oberlander de la Milmont est le dernier à l’occuper. Le bâtiment, auquel on ajoute un service de restauration pour les visiteurs au rez-de-chaussée, sert de centre d’interprétation du Site des Moulins jusqu’en 2016. La Maison du Meunier s’est toujours montrée accueillante.

Sur cette photo de 2017, la clôture de bois, la galerie avec sa toiture inclinée et le toit en surplomb sont disparus. Deux balcons en fer ornemental avec leurs escaliers ont pris leur place.

Façade de la Maison du Meunier avant le début de nouveaux travaux de rénovation en 2017.