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Le Géant bipolaire, une légende vivante! – Première partie

Photographie couleur d'un homme debout sur une scène, au micro, qui raconte une histoire. À l'arrière-plan, deux spectateurs et une femme tenant une guitare.

Guillaume Beaulieu en spectacle.

Afin d’offrir un panorama complet de l’envergure des interrelations entre l’Homme et son environnement, ses changements physiques et ses transformations attribuables à l’occupation du territoire, laissez-vous envoûter par la légende du Géant bipolaire, une envolée dans l’imaginaire et la poésie par le conteur Guillaume Beaulieu, un texte composé pour l’exposition, à partir de ses grands thèmes.

Structures de formes géométriques irrégulières fleurissant d’un point central, le tout dominé par des teintes vertes rehaussé de points blancs, orange et jaune sur un fond brun violacé.

Space Rhapsody. Techniques mixtes. Par Laimon Mitris, 1978.

Le Géant bipolaire
Première partie

Écoutez Guillaume Beaulieu vous raconter sa légende à sa manière en cliquant sur l’extrait audio ci-dessous ou choisissez de la lire à votre rythme.
Prendre note que la version écrite et orale du conte est différente! Il s’agit d’une adaptation naturelle dans la tradition de ce genre. Bonne écoute!
Consultez la transcription intégrale ici.

Photographie d'un livre ancien ouvert à la page de titre.

Candide, de Voltaire

Dans « quelques arpents de neige » du Nord, un géant pousse son rocher. Épais rocher de glace, poussé par 1000 tonnes de muscle que la volonté raidit. Le projet est clair : dégager la terre de ce froid masque blanc pour en faire un endroit vivable. Quitte à prendre 2000 ans. Avec la vitesse d’une tortue vieillissante, il fait des gains et le soleil fait bientôt cause commune avec lui, jusqu’à ce que le glacier se rétrécisse comme peau de chagrin. Les torrents d’eau douce qui serpentent la glace et finissent par toucher le sol, pulvérisent la pierre jusqu’à la fariner en une argile brun-gris. Le géant à la couenne dure a à peine le temps de mettre ses « bottes de pine » et essuyer son front, qu’il est vite inondé jusqu’à la taille d’une eau boueuse. Tant et si bien que «Jamais Dieu ne fit à aucun peuple, un aussi beau présent d’argile».

Photographie noir et blanc : un portrait officiel d'un homme en habit de curé, portant des lunettes.

Félix-Antoine Savard

De la trempe des géants dont les Scandinaves ont fait grand cas, notre imposant personnage est jeune, fort et grand, mais souvent seul. Lancé sur la piste de ce projet par son père, habitant plus au sud, il va, sans se douter que ce travail ne fait pas que mettre à nu ce terrain de façon impudique, mais qu’il le modifie aussi considérablement. Ses pieds-massues sont si lourds qu’ils affaissent la croûte terrestre. Le glacier racle si profondément le relief qu’il râpe les montagnes. L’eau est si puissante et volumineuse qu’elle a non seulement recouvert tout le paysage jusqu’à la taille du géant, mais elle a aussi laissé, tout au fond de l’eau, des trésors d’eskers filtreurs à rendre envieux le ¾ des peuples de la terre.

Vue d'un paysage embrumé. Au centre, un village dont on distingue quelques édifices, traversé par une route.

D’Alembert en Abitibi, fin des années ’70.